C’était au printemps dernier. Virginie Abbadie Longo, masseur kinésithérapeute dans les Hautes-Pyrénées à Argelès-Gazost, recevait la médaille du mérite* pour son engagement médical et associatif. Rencontre avec une femme aux multiples visages qui se bat encore et toujours aux côtés de femmes ayant eu un cancer du sein et un lymphœdème.
Chaque année, les ministères remettent l’ordre national du mérite aux personnes qui ont œuvré d’une manière ou d’une autre pour la collectivité. C’est le préfet, Jean Salomon, qui remettra la médaille à Virginie en reconnaissant son engagement humain durant de nombreuses années au service du tissu associatif local avec des actions solidaires sur tout le territoire et un engagement citoyen exemplaire.
La médaille du mérite est le deuxième ordre national après la Légion d’honneur créé en 1963 et destiné à récompenser les mérites civils et militaires.
Virginie Abbadie Longo est masseur kinésithérapeute spécialisée en lymphologie et en sénologie (cancer du sein). Mais pas que. Elle est également très impliquée dans le milieu associatif : présidente des Rubies d'Argelès-Gazost vallée des Gaves depuis 2019, référente de l’Association vivre mieux le lymphœdème (AVML) des Hautes-Pyrénées (65), vice-présidente du Conseil départemental de l'ordre des masseurs kinésithérapeutes (65) depuis 10 ans et référente du Réseau des kinésithérapeutes du sein (RKS) depuis 4 ans.
Malgré tout, qu’elle n’est pas sa surprise lorsqu’elle apprend qu’elle va recevoir la médaille du mérite : « J’étais bouleversée. C’est une très belle reconnaissance. Et le discours du préfet m’a beaucoup ému. Il a tenu des propos justes concernant les patients présents dans la salle, il a eu un mot pour les soignants qui accompagnent ces mêmes patients tout au long de la maladie. C’était magnifique à entendre car cela a du sens. Je n’oublierai jamais cette médaille que l’Etat m’a donnée. Elle est le symbole de mon engagement sincère et du travail que j’accomplis depuis plus de vingt-cinq ans auprès des patientes que j’accompagne. J’en profite pour rappeler que nous sommes en octobre. Et en octobre, on parle du cancer du sein et comme nous le savons, ce cancer est malheureusement parfois suivi par l’apparition d’un lymphœdème. »
Equipe des Rubies d’Argelès-Gazost section sport santé de l'US Argelès a vu le jour en 2019 grâce à la motivation de patients et de soignants tous unis pour lutter contre la maladie et ses effets secondaires. Le rugby, et surtout le rugby à 5, réunit toutes les valeurs de solidarité, d’entraide et de respect mutuel. Les différences et les qualités de chacun permettent à l’équipe d’atteindre l’en-but et de plaquer le cancer lors d’un magnifique essai.
Cancer du sein & lymphœdème
Chaque année en France, des milliers de femmes remportent leur combat contre le cancer du sein. Mais pour environ une sur cinq qui a eu un curage axillaire, cette victoire marque le début d’un nouveau combat, plus silencieux mais tout aussi éprouvant : celui contre le lymphœdème.
Encore largement méconnu du grand public, le lymphœdème peut se former à la suite de certains traitements du cancer : curage ganglionnaire, radiothérapie... Il est incurable et se caractérise par un épaississement de la peau et une augmentation de volume d’un membre - un bras ou une jambe - causée par une altération du système lymphatique.
Cette augmentation de volume ne peut être résorbée complètement, mais seulement stabilisée ou réduite par l’utilisation de dispositifs médicaux de compression. De tels symptômes ont inévitablement des conséquences : physiques (évidemment, puisque des membres qui augmentent de volume peuvent devenir handicapants), professionnelles, sociétales et psychologiques, avec une errance diagnostique fréquente, un impact sur la qualité de vie et l’image de soi, un sentiment d’isolement et le regard d’autrui difficiles à supporter. « D’où l’importance du sport et de l’échange pour ces personnes atteintes d’un cancer et ou d’un lymphœdème. Se retrouver sur un terrain en équipe pour jouer et ‘plaquer au sol le cancer lors d’un magnifique essai’ libère beaucoup », conclut Virginie Abadie.
Affiches de sensibilisation, Réseau des kinésithérapeutes du sein (RKS).
