Céline Garde, orthopédiste-orthésiste

    Diplômée en 1999, Céline Garde orthopédiste-orthésiste a commencé en officine à Montpellier, c’est là qu’elle fait ses premières armes sur le lymphœdème et qu’elle découvre la pathologie. Revenue à Toulouse, dans sa ville natale, elle passe un DU de lymphologie et achète le cabinet d’orthopédie-orthèse pour lequel elle travaille depuis 2003.

    Aujourd’hui mon cabinet est composé de 9 orthopédistes-orthésiste, raconte la jeune femme. Notre cœur de métier c’est le petit appareillage orthopédique et nous appareillons de la tête aux pieds. On fabrique les orthèses de mains, les semelles orthopédiques, les corsets et nous prenons également en charge les contentions, les compressions, que ce soit pour les grands brulés, l’esthétique ou le lymphœdème. Si nous sommes tous diplômés et spécialisés sur le sur-mesure, nous ne prenons en revanche pas tous en charge le lymphœdème, explique l’orthésiste. Il y a vingt ans, j’ai été initiée au CHU de Montpellier. L’équipe était à la pointe, dynamique. Au Centre de référence constitutif des maladies vasculaires rares de St-Eloi, la pathologie du lymphœdème représentait déjà une belle part de l’activité du service.

    Céline Garde

    J’ai été contaminée, sourit Céline Garde. Et j’ai passé le DU de lymphologie de Toulouse. J’ai la chance d’avoir à mes côtés trois collaboratrices ayant elles aussi suivi une formation en lymphologie. Nous sommes donc quatre aujourd’hui à accueillir dans les meilleures conditions une personne ayant un lymphœdème. Cela nous donne l’occasion d’échanger sur les problèmes lorsqu’ils se présentent. Pour moi, le rôle premier d’un orthésiste c’est d’avoir un discours cohérent avec le patient, de prendre le temps de connaitre son histoire et de savoir où il en est. Lorsque des personnes ne sont pas passées par des médecins spécialistes, on peut être confrontés à des prescriptions trop vagues ou à des patients qui avant de commander une compression devraient faire des drainages « pour assécher le lymphœdème au maximum ». Sinon, le patient peut se retrouver en échec sur sa thérapeutique par rapport à ses contentions.

    Une compression adaptée, c’est un patient qui obtient de meilleurs résultats

    Un orthopédiste-orthésiste doit être initié pour prendre le patient correctement en charge. Parfois, on doit se rapprocher du médecin généraliste pour trouver ensemble la bonne prescription. Notre rôle est complexe et entier face au lymphœdème. Prendre quelqu’un en charge signifie qu’il faut connaitre les produits, prendre correctement les mesures et communiquer avec le patient sur ce qui l’attend : à quoi sert sa compression, comment il doit porter son vêtement, ce qui va se passer ensuite etc. Dès la première séance, à la commande, puis à la réception du produit où le patient va essayer sa contention, on propose un suivi, on l’accompagne pour vérifier s’il la porte bien, s’il ne rencontre pas de difficultés majeures. Au fil du temps, je réalise que c’est parfois plus facile pour eux de revenir vers nous en cas de doute. Notre fonctionnement a créé de la proximité. Et les résultats s’en ressentent. Car une compression adaptée, c’est une compression bien tolérée pour un patient qui obtient de meilleurs résultats, martèle la jeune femme.

    La compression est tou un art - Copyright

    Un reste à charge trop important qui laisse sur le carreau des personnes en difficulté financière

    Aujourd’hui, face aux compressions, on est confronté à plusieurs problèmes, explique l’orthésiste. Nous n’avons pas un réseau étoffé de professionnels bénéficiant de l’expertise adéquate pour une prise en charge correcte. Je parle des médecins généralistes, des kinésithérapeutes et des appareilleurs. Et il n’y a pas assez de coordination entre orthésistes, médecins généralistes, kiné etc. Il y a également le problème de la prise en charge financière, très lourde, avec des coûts exorbitants. Un manchon (compression du membre supérieur) coute environ 150 euros, et il faut savoir que, suivant le volume du lymphœdème, un manchon, pour être efficace, doit être renouvelé plusieurs fois dans l’année. Une étude pour une meilleure prise en charge est mise en place via les hôpitaux de Montpellier et de Toulouse et j’espère que les résultats seront représentatifs de cette problématique que nous rencontrons car un patient qui n’a pas les moyens a bien du mal à se soigner ! N’oublions pas qu’avant de « conseiller et de vendre » du matériel, nous sommes des soignants avant tout. Ça nous fait mal au cœur de rencontrer des personnes qui ne peuvent pas se soigner parce qu’elles n’ont pas les moyens. Et je ne parle même pas de tous les bandages qui ne sont pas remboursés ou des chaussures sur-mesure qu’il faut attendre huit mois. Si grâce à cette étude, les patients pouvaient avoir une prise en charge de la compression à hauteur du cout réel, ce serait une très belle avancée, conclut l’orthésiste optimiste.

    Entretien réalisé par Laurence Delaporte - Novembre 2022

    Les actualités du PFL

    Regards croisés
    13 septembre 2024

    Regards croisés avec Célia Augé

    1182
    Technicienne de laboratoire dans un centre de lutte contre le cancer, la jeune femme de 35 ans arrive au fil de la discussion à verbaliser cette double peine qu’elle a vécue dès ses 14 ans...
    Regards croisés
    12 février 2024

    Regards croisés avec Thierry Py

    4650
    Dernière rencontre de notre série avec Thierry, atteint de lymphoedème sur les 4 membres et ses deux enfants qui ont aussi un lymphoedème.
    Regards croisés
    05 février 2024

    Rencontre avec Céline, maman de Sonia

    3682
    Dernier épisode de notre série de rencontres avec les parents d'enfants souffrant de lymphoedème. Rencontre avec Céline, maman de Sonia suivie à Cognacq-Jay.
    Regards croisés
    05 décembre 2023

    Regards croisés avec Julien

    3987
    Clotilde et Julien habitent à Jacou, dans l’Hérault. Leur fille Manon a 15 ans et leur fils Baptiste en a 11. Ce dernier est atteint comme son papa d’un lymphœdème bilatéral sur les membres inférieurs mais aussi sur les mains...
    Regards croisés
    29 novembre 2023

    Regards croisés avec Aurélie Rihn

    3188
    David et Aurélie ont deux enfants : Noa et Ellie a 10 ans.Tous les deux sont atteints d’un lymphœdème sont suivis à l’hôpital de Cognacq-Jay à Paris...
    Actualités
    05 septembre 2023

    Journées nationales françaises de lymphologie 2023

    3826
    C'est Tours qui accueille cette année la nouvelle édition des Journées nationales françaises de lymphologie. Organisé par le docteur Valérie Tauveron jeudi 23 et vendredi 24 novembre 2023 en collaboration avec le CHRU et l’Université de Tours, ce congrès…
    Actualités

    Etude COGRARE5

    31 mai 2022
    Etude pour une meilleure prise en charge des patientes enceintes atteintes d’une anomalie…
    Actualités

    Zoom sur...

    09 février 2022
    Zoom sur le projet Qualité de vie de jeunes patients porteurs de lymphoedème primaire
    © 2018-2024 - PFL - Partenariat Français du Lymphoedème