Le cas du lymphœdème primaire
Le lymphœdème primaire est lié à un défaut de mise en place et/ou de fonctionnement du système lymphatique au cours de la vie fœtale qui se révèlera plus ou moins tôt dans la vie.
Il est lié à une malformation constitutionnelle du système lymphatique (dysplasie). Ces malformations peuvent être soit des portions du système lymphatique manquantes (aplasie), soit un nombre de collecteurs lymphatiques inférieur à la normale (hypoplasie), soit une dilatation des vaisseaux lymphatiques ou des ganglions fibrosés.
Selon l’importance des anomalies, le lymphœdème primaire apparaît in utero (repérable à l’échographie), à la naissance (congénital), dans les années suivantes (précoce entre 2 et 35 ans) avec un pic de fréquence à la puberté ou plus tardivement (tardif après 35 ans).
En général, l’incidence est de 1 personne sur 10 000 avant 20 ans avec une prédominance féminine (2/3 des cas). Il fait donc partie des maladies rares ou orphelines et touche de façon prépondérante les membres inférieurs. Le lymphœdème est uni ou bilatéral, plus rarement associé à un lymphœdème des organes génitaux, des membres supérieurs ou du visage.
Le lymphœdème primaire est soit familial soit sporadique : 95 % des cas sont des formes sporadiques. Les 5 % des cas restants sont des formes familiales.
Il est dû à la destruction ou à l’obstruction du réseau lymphatique lié à un curage ganglionnaire, une exérèse chirurgicale, une radiothérapie, une obstruction par cellules tumorales ou filaires, un traumatisme ou l’évolution de certaines insuffisances veineuses.
Après un cancer du sein. Le lymphœdème secondaire qui atteint les membres supérieurs après un cancer du sein est celui qui a été le plus étudié en recherche clinique par rapport à d'autres qui surviennent après d’autres cancers. La fréquence d’apparition de ce lymphœdème va de 5 à 28 % dans les études les plus récentes, jusqu’à 50 % dans les études datant de plus de vingt ans. Le lymphœdème secondaire des membres supérieurs peut s’accompagner d’un œdème du sein opéré et/ou du thorax.
Après un cancer de la région pelvienne. Il n’est pas rare de voir un patient venant d’être traité pour un cancer de la région pelvienne (cancers du col utérin, endomètre, ovaire, vulve, vessie, prostate, lymphomes, cancer du testicule) déclencher par la suite un lymphœdème secondaire au niveau des membres inférieurs.
L’obstruction du système lymphatique par des cellules cancéreuses peut parfois provoquer un lymphœdème douloureux : dans ce cas, le lymphœdème s’avère être le révélateur d’un cancer ou d’une récidive cancéreuse. Mais le cancer n’est pas la seule cause de l’apparition d’un lymphœdème. Il peut aussi survenir à la suite d’un traumatisme, d’une compression ou d’une intervention chirurgicale.
Dans 54 pays dans le monde, 947 millions de personnes sont menacées de filariose lymphatique et nécessitent une chimiothérapie préventive pour stopper la propagation de cette maladie. 120 millions de personnes sont atteintes dans les régions tropicales et subtropicales ce qui en fait la première cause de lymphœdème secondaire dans le monde.
On peut confondre un lymphœdème avec des œdèmes d’origine cardiaque, rénale, hépatique, hypoprotidique, d’insuffisance veineuse ou d’insuffisance thyroïdienne. Ces œdèmes accompagnent les signes spécifiques des affections qui les génèrent.
Ainsi, l’insuffisance cardiaque est responsable d'un essoufflement et d’un œdème des membres inférieurs résorbable. Une insuffisance veineuse chronique peut, à terme, générer un lymphœdème fonctionnel. Le signe de Stemmer est ici absent : dans ce cas, on peut raisonnablement éliminer la possibilité de l’existence d’un lymphœdème.
La grande difficulté aujourd’hui est de différencier un lipœdème d’un lymphœdème. Les pieds sont normaux et le signe de Stemmer est absent. Les femmes sont touchées quasi exclusivement avec une composante familiale. Le pincement de la peau, qui reste souple, est douloureuse - cellulalgie, communément appelée cellulite en France. Lors de la palpation, on sent des formations nodulaires (des lipomes). Une insuffisance veineuse y est souvent associée : une station debout ou assise prolongée peut alors entraîner un œdème en fin de journée. L’œdème peut augmenter au cours de la vie surtout lorsque la personne est en surpoids. Il s'accompagne de douleurs et, après une lente évolution, le système lymphatique est atteint. Le lymphœdème peut apparaitre et se compliquer d’un érysipèle.
Le patient doit rapidement consulter un médecin spécialiste.
Le médecin quant à lui doit chercher une surinfection, une thrombose veineuse profonde, une affection tumorale et, en cas de lymphœdème secondaire, une récidive cancéreuse mais aussi une atteinte neurologique, une artérite ou une sténose veineuse.