Des mois que le Centre de référence des maladies lymphatiques et vasculaires rares (CR-MLVR) du CHU de Montpellier demandait qu’un(e) psychologue soit rattaché(e) au service de lymphologie. Depuis un an, Agnès Guillaud, psychologue clinicienne et hypno-thérapeute libérale, intervient dans le cadre des traitements intensifs proposés aux patients ayant un lymphœdème de stade 2 et 3 de l’ISL (sur 3 stades). Rencontre.
La psychologue explique qu’il existe des émotions primaires, la colère, la peur, la surprise, le dégoût, la joie et la tristesse.
« Je rencontre les patients dans le cadre d’une hospitalisation dans l’unité de lymphologie de St-Eloi, raconte la psychologue. Ils sont pris en charge par l’équipe médicale et suivent des traitements de soin intensifs, contraignants et parfois douloureux qui les focalisent sur leur état de malades. Ces personnes sont confrontées au quotidien à la vision de leur corps abimé et, ici, tout les ramène à la maladie. Elles savent qu’elle est chronique et qu’elle fait partie intégrante d’eux avec les contraintes qu’elle impose. Ce constat génère chez le patient des pensées émotionnelles conflictuelles et douloureuses lorsqu’il compare la qualité de sa vie d’avant l’apparition des symptômes et les contraintes et obligations du quotidien imposées ensuite par la maladie.
Lors de ces tables-rondes, je leur propose de prendre le temps de se « re-connaitre » au travers des émotions qu’ils ressentent, d’observer les pensées émotionnelles associées et éventuellement les évènements traumatiques qu’elles ravivent. Dans un premier temps, l’objectif de mon intervention est de constater le processus émotionnel en tant que réponse physiologique naturelle aux changements de son environnement et de l’accepter comme l’expression de son état psychologique émotionnel. Dans un second temps, la meilleure compréhension de son fonctionnement émotionnel et cognitif déclenche un travail d’introspection, soit immédiat soit plus tardif, pour beaucoup des personnes rencontrées. Ce travail d’introspection soulage la souffrance émotionnelle et réinstalle le patient dans une qualité de vie plus confortable. Finalement, l’intervention proposée amène le patient à se détacher de l’état de malade et à se repositionner en tant qu’être humain à part entière avec son histoire et son identité propres. Il ne s’agit plus de mener un combat contre la maladie ni de se résigner à être un malade mais bien de s’installer en tant que personne dans son histoire de vie. Le patient n’est pas la maladie mais vit avec une maladie. »
Jeudi 8 juillet 2021 : la psychologue anime une table ronde en présence de Sandrine et de Véronique, toutes deux atteintes d’un lymphoedème secondaire et suivant un traitement intensif à l’hôpital Saint-Eloi, CHU de Montpellier.
« Lors de cette séance collective, j’aide les personnes que je rencontre à prendre conscience qu’elles ne sont pas que lymphœdème. Elles se définissent avant tout comme étant une femme ou un homme. »
Derrière, de gauche à droite : Patricia Marquez, kinésithérapeute, Agnès Blanc, infirmière, Géraldine Davidou, infirmière, Hélène Pourquier, kinésithérapeute, Maria Donoso Izquierdo, kinésithérapeute, Stéphanie Badouaille, secrétaire du service Lymphologie.
Devant, de gauche à droite : Dr Murielle Benhamou et Dr Sandrine Mestre Godin.
Une équipe accompagnante et à l’écoute
Un patient qui est bien accueilli, écouté et compris est en confiance. Le stress et l’anxiété s’en trouvent apaisés et les soins sont déjà moins éprouvants. C’est le cas au Centre de référence de St-Eloi. Les trois kinésithérapeutes et les deux infirmières veillent au grain sous la houlette du docteur Sandrine Mestre-Godin, médecin vasculaire, et du professeur Isabelle Quéré, responsable du Département des maladies lymphatiques et vasculaires rares.
« Patricia Marquez, Maria Donoso Izquierdo, Hélène Pourquier, Agnès Blanc et Géraldine Davidou font un travail formidable, témoigne la psychologue. L’équipe met tout en œuvre pour proposer aux patients les meilleurs soins possibles. Bienveillantes, elles sont dans l’empathie, la douceur et l’explication des soins. Mais pas que… Elles s’intéressent aussi à la personne dans sa globalité avec son histoire et ses difficultés du quotidien. Ce travail d’écoute et d’échanges installe le patient dans une dynamique de confiance. Mon travail s’en trouve facilité » conclut Agnès Guillaud.